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Une collaboration inattendue au service de la recherche sur la copropriété

Portrait

Condoliaison

Une rencontre improbable, initiée par un simple courriel, a débouché sur une collaboration professionnelle solide et un partenariat fructueux dans le domaine de la recherche sur la copropriété. Le parcours unique d'une professeure-chercheuse et d’un statisticien a débuté par un défi particulier, qui s’est rapidement transformé en une entreprise conjointe visant à faire évoluer la compréhension d’enjeux complexes propres aux petites copropriétés. Portrait du début prometteur d’une collaboration florissante.

Dans le monde de la recherche, les collaborations réussies naissent souvent de circonstances uniques et de rencontres fortuites. C’est précisément le cas de celle née entre Micheline Renault, docteure ès sciences, MBA, CPA, et Patrick Coulombe, Ph. D., des chercheurs de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal. Leurs parcours ont convergé grâce à un projet de recherche captivant : l’analyse statistique approfondie de données recueillies dans le cadre de la toute première étude d’intérêt international sur la gouvernance des petites copropriétés. D’emblée, il est clair que cette collaboration est le fruit d’une alchimie d’expertises.

GENÈSE D’UN PARTENARIAT SUR FOND DE CONFLIT

Au départ, c’est l’histoire de Micheline Renault et de son expérience peu commune dans une petite copropriété divise, où des changements de copropriétaires ont profondément modifié l’équilibre préexistant et mis en lumière les lacunes et les risques inhérents à ce type de structure d’administration. À la suite d’une acquisition d’une unité dans une petite copropriété, elle est rapidement confrontée à une situation où les règles de copropriété sont remises en question et où leur mise en application devient un véritable défi. En tant que copropriétaire directement concernée par ces questions, l’état de son unité se dégradant année après année faute d’intervention diligente, elle entame un parcours ponctué de défis majeurs, de travaux de réparation aux délais interminables, et de pratiques de gestion discutables, où elle
est souvent prise à partie.

« Par le passé, j’ai été propriétaire de plus d’une quinzaine de copropriétés de toutes tailles, sous toutes formes, mais avec cette expérience, j’ai découvert un autre univers», a confié la professeure chercheuse. « J’ai découvert que, dans une petite copropriété, un copropriétaire peut se trouver isolé lorsqu’il attache une grande importance au respect du règlement de copropriété et à l’adoption de bonnes pratiques de gestion, alors que d’autres copropriétaires ou gestionnaires optent pour des approches de gestion personnalisée ou communautaire. Les convictions personnelles ou l’improvisation dans l’application de la déclaration de copropriété et dans la prise de décision peuvent rapidement devenir un terrain propice à la détérioration de l’état de l’immeuble, au dépassement du budget et à l’émergence de litiges chronophages et coûteux, quelle qu’en soit l’issue. »

En observant les copropriétés voisines, elle a également découvert que des années d’épargne investie dans un actif immobilier étaient soumises à un facteur de risque, considérablement différent d’un conseil d’administration à l’autre. « Le risque vient du fait que le conseil d’administration est formé de voisins, d’inconnus, qui n’ont d’autres affinités que d’avoir acheté une unité dans le même immeuble. Viendrait-il à l’idée d’un épargnant de confier la gestion et la valorisation de son régime de retraite à des inconnus sans formation pertinente ? De faire confiance au hasard ? À mon avis, il y avait là matière à réflexion. Et à la recherche. »

C’est cette fâcheuse péripétie qui a tout de même inspiré la recherche dans laquelle Micheline Renault s’est lancée et a investi près de trois ans de travail. Cette recherche, dont l’objectif était de démontrer les risques particuliers auxquels sont exposés les acheteurs d’unités dans les petites copropriétés, en raison de l’adoption d’un modèle de gouvernance inspiré des grandes organisations, a abouti à une étude pionnière amorcée par un sondage auprès des membres du RGCQ. Une occasion unique de plonger au cœur des dynamiques complexes qui animent le monde des petites copropriétés.

UN AMALGAME D’EXPERTISES

D’un autre côté, c’est aussi l’histoire de Patrick Coulombe, un professionnel expérimenté dans le domaine de la recherche et un expert en statistiques. Il est entré en jeu pour d’abord répondre à un besoin d’analyses statistiques plus avancées pour comprendre les données recueillies grâce au sondage. Son expertise, qui s’est déve loppée au fil de ses emplois et de ses projets liés aux données, a apporté une nouvelle dimension à la recherche entreprise. Elle a permis d’identifier de manière claire des liens directs entre la bonne application du modèle de gouvernance tel qu’il est conçu pour les grandes organisations, sur la base éthique et volontaire d’y adhérer, et la diminution des risques financier et personnel. Leurs expertises complémentaires ont rapidement formé un duo puissant, capable de disséquer les données complexes et de mettre en lumière le facteur de risque de gouvernance des petites copropriétés.

À la base, les copropriétés ne sont pas son sujet de prédilection. Qu’est-ce qui a donc suscité son intérêt pour ce sujet ? D’abord, l’aspect concret des données. « J’ai vraiment trouvé de l’intérêt dans la spécificité du sujet, et j’ai découvert à quel point il y a un grand potentiel de recherche. À mesure qu’on se plongeait dans les détails, j’ai réalisé qu’il y avait des aspects inattendus à explorer. Les données ne sont pas simplement des chiffres abstraits, mais des éléments tangibles qui peuvent être utilisés pour comprendre et analyser la situation », souligne-t-il.

Cependant, il ne s’en tient pas seulement à ce rôle de « gars de stats ». « Mon expérience, c’est aussi de vivre en copropriété et de voir de près les dynamiques qui se jouent. J’ai trouvé un intérêt grandissant pour les avantages et les défis associés à ce mode de vie, et les dimensions pratiques et humaines des problématiques que l’on peut y rencontrer. Au fil de notre collaboration, j’ai développé une compréhension approfondie du monde de la copropriété, et j’admets avoir appris énormément de choses grâce à cette expérience. » Nul doute que ses compétences en psychologie – l’autre volet de son expertise – permettront de pousser encore plus  loin la réflexion dans l’avenir !

TRANSFORMER UNE MAUVAISE EXPÉRIENCE EN UNE OCCASION D’APPRENTISSAGE ET DE PARTAGE DES CONNAISSANCES

Leur partenariat a également révélé une passion commune pour la recherche et l’analyse de données réelles, qui peut avoir un impact considérable. Leur collaboration, qui incarne la fusion réussie de deux domaines apparemment distincts, ouvre de nouvelles perspectives sur la copropriété. C’est là que les chercheurs voient l’avenir de leur recherche, se penchant sur des aspects encore inexplorés du domaine des petites copropriétés; la plupart des recherches jusqu’à présent se sont concentrées sur les grandes copropriétés dans des villes prestigieuses, laissant les petites copropriétés relativement négligées. Ils ont d’ailleurs commencé à envisager de nouveaux projets : leur détermination à faire une différence concrète dans le domaine des petites copropriétés est un moteur puissant qui les motive à poursuivre leurs travaux.

Il est clair que leur travail a le potentiel d’apporter un éclairage nouveau sur les complexités souvent insoupçonnées des petites copropriétés et, espérons-le, de contribuer à façonner une vision plus profonde de la gestion des copropriétés. La richesse de la diversité de leurs compétences sera sans aucun doute porteuse dans la continuité des travaux sur ce sujet.