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Coopératives de propriétaires : un modèle à encourager pour répondre à la crise du logement

Alors que des projets pilotes voient le jour en Estrie, Me Yves Joli-Cœur souligne l’importance de soutenir l’accès à la propriété par des modèles collectifs

Nouvelles

À partir d'un article du Journal de Montréal

Alors que la crise du logement continue de faire les manchettes, une forme d’habitation encore peu connue au Québec attire de plus en plus l’attention : les coopératives de propriétaires. Importé d’Europe et timidement implanté dans la province, ce modèle permettrait à de futurs acheteurs d’accéder à une propriété de qualité à un coût réduit, tout en misant sur la vie communautaire et une gouvernance partagée.

Deux projets de ce type sont en voie de réalisation à Sherbrooke et à Waterville. Selon Guillaume Brien, directeur général de la Fédération des coopératives d'habitation de l'Estrie, il ne s’agit là que du début d’un mouvement plus vaste. « À certains endroits dans le monde, jusqu’à 40 % du marché de l’habitation est coopératif. C’est un modèle éprouvé, qui a tout pour se développer ici », explique-t-il.

Pour Me Yves Joli-Cœur, président du Regroupement des gestionnaires et copropriétaires du Québec (RGCQ), ces initiatives sont porteuses d’espoir, mais elles peinent à s’imposer faute de volonté politique. « Je m’explique mal le déficit de vision de l’État québécois ou des villes sur le développement du logement collectif, déplore-t-il. Il faut davantage de programmes structurants pour permettre aux premiers acheteurs d’accéder à la propriété. Ce n’est pas vrai qu’être propriétaire, c’est forcément être un bourgeois capitaliste outrancier. »

Une alternative qui répond aux besoins de la classe moyenne

Les coopératives de propriétaires se distinguent des coopératives locatives traditionnelles en permettant aux membres d’accéder à la propriété tout en conservant une structure collective. Ce modèle permettrait, selon le Fonds Coop Accès Proprio (FCAP), la construction de quelque 1000 logements dans les prochaines années.

Clevis Cabrera, directrice générale du FCAP, voit dans cette approche une solution partielle mais pertinente : « La crise du logement touche aussi la classe moyenne. Notre modèle ne prétend pas tout résoudre, mais il offre une piste crédible pour élargir l’accès à la propriété. »

Une gouvernance coopérative qui pose aussi des défis

Comme dans tout projet collectif, certaines contraintes existent. Les résidents doivent s’engager à respecter une convention et ne peuvent pas modifier librement leur unité. Les décisions sont prises collectivement, et des mécanismes de gestion sont mis en place pour éviter les conflits.

Malgré ces défis, les résultats sont au rendez-vous, assure Guillaume Brien. « Oui, il y a parfois des tensions, mais c’est aussi l’occasion de créer des milieux de vie stimulants et plus accessibles. »

Une opportunité à saisir en 2025, année internationale des coopératives

L’intérêt pour ces projets s’inscrit dans un contexte global favorable, alors que 2025 a été désignée par l’ONU comme l’année internationale des coopératives. Cette reconnaissance mondiale offre une occasion unique de redonner ses lettres de noblesse à la coopération dans le secteur de l’habitation.

Pour Me Yves Joli-Cœur, il est temps que le Québec emboîte le pas : « Nous devons cesser de penser l’habitation uniquement selon des logiques de marché. Les modèles collectifs doivent occuper une place bien plus importante dans le paysage résidentiel québécois. »