Aménagement paysager et entretien arboricole : des défis de taille dans les copropriété
Condoliaison
Des jardins communautaires aux toits verts, en passant par la refonte complète de son terrassement, l’aménagement paysager permet d’augmenter à la fois la valeur d’une propriété et la qualité de vie de ses résidents.
Ces pratiques constituent également des défis de taille au sein des copropriétés, où les processus décisionnels, les enjeux structurels, les budgets alloués et l’entretien se complexifient.
Avant d’entreprendre un projet d’aménagement paysager, il faut d’abord s’informer quant aux meilleures pratiques à adopter, puis évaluer l’ensemble des investissements requis afin d’en assurer la pérennité et d’éviter de mauvaises surprises. C’est pourquoi il est souvent préférable de s’appuyer sur l’expertise des entreprises et des professionnels du milieu.
Entreprendre un projet de verdissement : une question de prévoyance
Les projets d’aménagement paysager en copropriété représentent majoritairement des travaux de réfection ou de renouvellement de structures déjà existantes. Souvent symptomatiques d’un manque de planification et d’une gestion inadéquate de l’entretien, ces travaux soulignent l’importance de concevoir un plan détaillé à long terme, qui prend en compte l’usage qu’en feront les résidents et les possibles modifications à envisager.
Ainsi que le précisent Isabelle Séguin et Caroline Marcotte, architectes paysagistes de la firme-conseil en urbanisme et en aménagement du territoire BC2, « l’intervention d’un architecte paysagiste lors de la planification en amont permet d’entrevoir l’ensemble des facteurs qui entrent en considération pour un aménagement cohérent, pérenne et conforme aux réglementations en vigueur. » La firme qui collabore avec des promoteurs immobiliers détient une expertise accumulée de projets résidentiels et en copropriétés. Leurs recommandations ? « Voir au-delà de l’attrait initial propre à la mise en vente d’une copropriété, afin d’investir dans des projets où sont étudiés l’agencement des différentes parties, pour un aménagement homogène et agréable, la longévité et la qualité des matériaux employés, les règlements municipaux comme ceux des arrondissements, et surtout, les différents usages auxquels seront soumises les installations. »
Avant toute intervention paysagère : étudier les structures actuelles
Caroline Marcotte insiste par ailleurs sur le peu de considération accordée aux structures en place lors de modifications à un aménagement paysager existant. Tout aussi attrayants que peuvent l’être les jardins communautaires et les toits verts, il est impératif de réaliser une étude approfondie des infrastructures sous-jacentes. On peut aisément percer une membrane d’étanchéité avec un tuteur mal placé ou encore endommager une dalle de béton, en recouvrant un stationnement souterrain ou un toit dans le cadre d’initiatives vertes. Les catastrophes ne sont malheureusement pas rares et le manque de planification en est le plus souvent la cause.
Qu’il s’agisse d’une simple pelouse verdoyante, d’un jardin d’ornement ou communautaire, d’un espace de loisir comme l’aménagement d’une piscine ou d’une aire de jeux pour enfants, ou encore de l’installation d’une terrasse, c’est sans équivoque : il faut considérer l’ensemble de la copropriété et effectuer les recherches adéquates quant aux structures en place, avec les experts appropriés, afin d’éviter de les endommager.
Les possibilités pour rehausser ou revaloriser un aménagement paysager peuvent être aussi inspirantes que réussies. Réduire les îlots de chaleur en installant des toits verts bien conçus ou en créant des jardins luxuriants et écologiques, l’essentiel est d’être bien informés de l’ampleur de ces projets, de leur faisabilité en rapport aux structures actuelles, du budget nécessaire et de leur entretien. Autrement dit, il faut posséder un plan bien élaboré, étudié et budgété !
Opter pour un aménagement arboricole : que faut-il savoir ?
Il est donc fondamental que les copropriétaires soient adéquatement outillés pour choisir l’approche la plus adaptée à leur réalité, parmi l’étendue des projets d’aménagement possibles. C’est précisément ce que souligne Éric Trépanier, arboriste expert chez Élagage M.C., au sujet de la plantation arboricole: « Il n’y a pas une espèce d’arbre plus adaptée qu’une autre, ce sont l’environnement et les conditions qui déterminent le choix idéal ». Bien que l’esthétique soit disproportionnellement considérée lors de la sélection d’une essence plutôt qu’une autre, ce dernier insiste sur la devise à laquelle il faut souscrire d’abord et avant tout : « le bon arbre au bon endroit ».
Choisir les espèces adaptées à sa copropriété
L’emplacement désigné pour la plantation d’une espèce peut représenter une contrainte significative en milieu urbain. La croissance et la résilience des arbres sont souvent affectées par les conditions stressantes de la ville, augmentant leur susceptibilité aux maladies. La pollution environnementale, la température généralement plus élevée, les sols compactés, ainsi que les règlements municipaux visant à amoindrir la présence de certaines essences particulièrement allergènes, sont tous des facteurs à considérer.
« Certaines essences sont à éviter à tout prix, notamment des espèces envahissantes comme le nerprun cathartique et la renoue du Japon, souligne M. Trépanier, mais la variété demeure la solution idéale pour s’assurer de la vitalité des espèces choisies, afin d’éviter des pertes massives dues à des pathogènes ou des animaux nuisibles ».
En plus des conditions d’accueil des arbres sélectionnés (comme la qualité du sol et le degré d’éclairage), il faut aussi prendre en compte leur emplacement relativement aux structures de la copropriété. Doivent être considérés les droits de passage, la proximité au câblage électrique, la largeur et la hauteur disponibles (« sur » comme « sous » terre) afin d’accommoder la croissance de l’arbre, etc.
L’obtention d’un certificat de localisation permet notamment de planifier adéquatement son aménagement arboricole. Celui-ci indique les limites de la propriété (ce qui permet d’éviter d’éventuels litiges avec les propriétaires avoisinants) ainsi que l’emplacement des aqueducs, des égouts, des lignes de téléphone ou d’électricité.
Réunir les conditions nécessaires pour des arbres résilients
Parmi les éléments à considérer, une analyse de sol est généralement recommandée, afin d’établir les niveaux de concentration en nutriments et en matière organique qui le composent, ainsi que son pH. Celle-ci permet également de constater le niveau de compaction, souvent exacerbée en milieu urbain, et d’y remédier, si nécessaire. Cette pratique permet de choisir une essence adéquate et/ou de pallier les insuffisances du terreau afin de rassembler les meilleures conditions possibles pour obtenir un arbre en santé.
À son tour, tailler les arbres adéquatement est une pratique cruciale pour favoriser la résilience de ses plantations arboricoles. Un élagage pertinent consiste à retirer les branches mortes ou atteintes de maladies, évitant ainsi des bris non contrôlés. Ceci prévient des dommages tant à l’arbre qu’aux structures environnantes lors de vents ou de tempêtes importantes. « Il faut procéder avec minutie et ne pas exagérer dans l’ampleur de la taille. Il est plus judicieux qu’un arbre ait des branches jusqu’au bas de son tronc; de cette manière, il peut redistribuer la force qui lui est appliquée tout au long de son tronc et dans toutes ses ramifications », précise M. Trépanier. Quant à l’étêtage et l’écimage ? « À proscrire ! Cela endommage l’intégrité de l’arbre en l’exposant à des “pathogènes lignivores” et des animaux nuisibles », renchérit l’expert qui en voit de toutes les couleurs sur le terrain.
Entretenir son aménagement paysager
Peu importe la nature et l’envergure du projet, l’entretien des structures et des arrangements botaniques mis en place est fondamental pour en assurer la croissance et la santé – et la valeur de l’investissement. Ceci implique de prévoir un pourcentage suffisant du budget prévisionnel (à court comme à long terme) pour les travaux d’entretien et le suivi de l’état de santé des arbres.
Encore faut-il développer des outils et des méthodes de documentation au sein du syndicat, dont la fonction est de permettre un suivi impeccable et transparent au fil des changements de garde. La tenue d’un journal détaillant l’entretien arboricole et structurel, la réalisation d’une cartographie des arbres et d’évaluations régulières de la santé de l’ensemble des espèces botaniques par des professionnels sont d’excellents outils pour maintenir le cap sur les actions qui ont été entreprises et celles à venir. Le tout annexé au carnet d’entretien.
Une bonne pratique consiste également à former des employés ou des résidents quant aux pratiques régulières qui peuvent être aisément réalisées par ces derniers. Sur ce point, Vincent Gaudreau, président de Gaudreau Assurances, insiste : « Qu’il s’agisse de la personne qui tond votre pelouse ou de l’entrepreneur qui réalise votre terrassement, il est primordial que l’entité dont relève cette personne dispose des assurances requises pour ce faire. Cet aspect est souvent négligé lorsqu’il s’agit d’actions de cette nature, mais des incidents peuvent survenir trop facilement. »
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